15 mars 2013

Des origines à l’âge d’or

Le Tango, classé au Patrimoine Mondial Immatériel de l’Humanité en 2009, repose sur trois piliers indissociables : la MUSIQUE, la POESIE et la DANSE.

Le Tango, classé au Patrimoine Mondial Immatériel de l’Humanité en 2009, repose sur trois piliers indissociables : la MUSIQUE, la POESIE et la DANSE.

Il n’y a pas de tangos sans musique, mais il y en a sans danse et d’autres sont purement instrumentaux. Le tango est porteur de la culture populaire du Rio de la Plata au XXe siècle, et la danse a puissamment, quoique pas exclusivement, contribué à son essor.

Les racines musicales du tango sont multiples : européennes, avec l’arrivée des immigrants et leurs musiques ou instruments ; locales (criollas), avec la milonga de la campagne et les musiques folkloriques de la pampa. ; afro-antillaises, avec la habaneracubaine et le candombe uruguayen. Alors que le tango, et surtout la valse, sont fortement inspirés de l’Europe, la milonga (musique et danse) s’enracine plus profondément dans les origines sud-américaines de cette musique.

L’histoire du tango au tout début du siècle est connue : des bars et maisons de tolérance de Buenos Aires, elle a traversé l’Océan, trouvé une respectabilité à Paris, et elle en est revenue conquérir les salons de la bonne société argentine. Avec l’arrivée de l’enregistrement électrique en 1926 et l’essor de l’industrie du disque, le tango est vite devenu l’expression de la culture populaire, au grand dam des gouvernements autoritaires qui se sont succédés durant une bonne partie du XXè siècle. Ceci explique pourquoi, même dans des périodes économiquement difficiles (après 1929), le tango était aussi populaire dans les cabarets et dancings de la Capitale.

On peut diviser l’histoire de la musique de tango en trois grandes périodes :

  • Les Origines, des années 1900 à 1935, pendant lesquelles le tango s’est progressivement poli, a acquis une structure, une instrumentation, une variété d’un orchestre à l’autre, mises au service des danseurs. En même temps est né (1916) le tango-canción porté par Carlos Gardel, mis au service de la poésie. Cette poésie populaire et extrêmement sentimentale, tout comme celle des textes (letra) de tango dansé, porte en elle un reflet de toute la société de l’époque.
  • L’Age d’Or, de 1935 à 1955, pendant lequel les grands orchestres foisonnent dans une créativité exceptionnelle, mise principalement au service des danseurs.
  • L’Epoque Moderne, à partir des années 50-60, dans laquelle coïncident un lourd climat politique et l’arrivée de musiciens résolument modernes comme Piazzolla. Sans composer pour la danse, il a influencé les musiciens de tango.

LES ORIGINES : Vieille Garde, Age Tendre

A partir de quelques enregistrements acoustiques datant d’à partir de 1907, on peut se faire une idée de la musique rustique des débuts. Tangos des bars mal famés, du folklore des femmes rares et convoitées, des bagarres au couteau. Rythmes rapides et saccadés. Pourtant, de grands musiciens commencent alors leur carrière : Vicente Greco, Francisco Canaro, Osvaldo Fresedo, Juan Maglio, Roberto Firpo. A cette époque naît l’orchestre “Típica”.

Vers les années ’20, avec une musique moins provocante et plus policée, au rythme fortement ralenti, certains musiciens innovent : Canaro, Fresedo, et surtout Julio De Caro qui révolutionnera le tango en le transformant en musique savante. Grâce à lui le tango s’échappe du style dit « VIEILLE GARDE ».

De la fin des années ’20 à ’35, les orchestres accélèrent progressivement, privilégient la mélodie et la dansabilité. Leur concurrence et l’essor du disque pousse chacun à acquérir un style bien caractéristique. Les chanteurs (et chanteuses) y jouent un rôle prépondérant. Les tangos de cette époque qu’on peut qualifier d’”Age Tendre” sont marqués par une grande poésie mélodique. L’archétype en est le tango “Poema” de Canaro (1935).

Résumé

Introduction musicale

Fin des années 30, une référence pour la suite

  • VIEJO PORTON (vals), par Rodolfo BIAGI (1938)
  • POEMA, par Francisco CANARO (1935)

Quelques tangos des années 10 aux années 40

Comparaison des styles, découverte de quelques précurseurs

  • DON JUAN, joué par Vicente GRECO (1910), Francisco CANARO (1929), La Típica VICTOR(1932), Carlos DI SARLI (1941)
  • ARMENONVILLE, joué par Juan Maglio “Pacho” en 1912, puis en 1929
  • EL INCENDIO, joué par Vicente GRECO (1911), Carlos DI SARLI (1940)
  • SOLLOZOS, joué par Osvaldo FRESEDO (1922 et 1937), Julio DE CARO (1928)

Le style Vieille Garde de 1910 à 2000

On suivra le tango JOAQUINA à travers les époques

  • Manuel CAMPOAMOR (1911)
  • Juan D’Arienzo (1935)
  • Roberto Firpo (1952)
  • Quinteto Pirincho (F. Canaro) (1955)
  • La Tubatango (’90)
  • Miguel Villasboas (’00)

Tango de l’Age Tendre

  • EL ESPIANTE, Osvaldo FRESEDO (1928)
  • Séquence video : Osvaldo FRESEDO dirigeant PORQUE (début ’30 ?)
  • CHORRA, Típica VICTOR (1928)
  • MAR ADENTRO, Adolfo CARABELLI (1933)
  • TIGRE VIEJO, Osvaldo FRESEDO (1933)
  • PUERTO NUEVO, Francisco LOMUTO (1933)
  • EL ACOMODO, Edgardo Donato (1933)

Origine de la Milonga “ciudadana”

Fille de la Habanera et du Candombe, mais aussi de la milonga campera, chantée par les payadores, elle naît en 1931 avec MILONGA SENTIMENTAL de Sebastian PIANA (musique) et Homero MANZI (poésie). On écoute la version de Mercedes SIMONE (1932). Au passage on écoute “CARMEN” de Bizet, LA PALOMA (habanera), du CANDOMBE uruguayen, ainsi que MILONGA DEL SOLITARIO par Atahualpa YUPANQUI.

Un précurseur : Julio de Caro

Fils d’une famille aisée, il fait avec son frère des études de musique classique, s’entiche du tango au dam de ses parents, et s’y consacre entièrement quand son père le chasse de la maison à 19 ans. Rebelle, créateur et innovateur, il invente le violon cornet, destiné à remédier à l’absence de micro. Mais surtout, il transforme le tango en musique savante, introduisant les instruments solistes, le pizzicato, des figures rythmiques et mélodiques inédites, et même le contrepoint hérité de J. S. Bach ! En plus de quelques grandes créations (Boedo, Mala Junta), il jouera avec les meilleurs instrumentistes (Pedro Maffia et Pedro Laurenz, des géants du bandoneon).

On écoutera Julio DE CARO créer (1926) le tango RECUERDO de Osvaldo Pugliese, une pièce d’avant-garde, composée en 1924, quand son auteur n’avait que 19 ans !

  • Ecoute de BOEDO (1928).
  • Séquence video : Tango dansé avec l’orchestre de Julio De Caro (1931)

Conclusion musicale

  • EL FLETE, Juan D’ARIENZO 1935
  • VIVO SIN SOMBRA LEJOS DE TI (vals), Edgardo DONATO (1938)

Ces Tangos (parmi des milliers d’autres, aussi bons) sont disponibles sur :

  • YouTube : Poema, Don Juan (V. Greco, F. Canaro), Armenonville (Juan Maglio), El Incendio (V. Greco, Di Sarli), Sollozos (De Caro, Fresedo 1937), Joaquina (D’Arienzo, Tubatango), El Espiante (Fresedo), Chorra (Tipica Victor), Mar Adentro (Carabelli), Tigre Viejo (Fresedo), Puerto Nuevo (F. Lomuto), El Acomodo (E. Donato), Milonga Sentimental (Mercedes Simone), Cacareando (Tipica Victor), Recuerdo, Boedo (J. De Caro), El Flete (D’Arienzo)
  • iTunes : Viejo Porton, Don Juan (T. Victor, Carlos Di Sarli), Joaquina (Campoamor, Firpo, Canaro/Pirincho)

et Vivo Sin Sombras Lejos de Ti, introuvable, à demander par e-mail au DJ

Références : sites internet

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… et bien d’autres discographies complètes à dénicher !

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