9 décembre 2015

Comment distinguer les phrases musicales dans le tango de bal ?

Danser c’est interpréter à deux une musique construite comme un discours chargé d’émotion.

Pourquoi et comment écouter les phrases musicales ?

Danser c’est interpréter à deux une musique construite comme un discours chargé d’émotion. Grâce à de nombreux indices, les orchestres de bal des années 30-40 nous guident dans l’écoute active de cette musique. Les détails sont essentiels : ouvrir grand ses oreilles !

Les phrases mélodiques

Interprétées par la voix du chanteur ou bien par l’orchestre, elles sont souvent annoncées par une « levée », série de quelques notes précédant le premier temps fort de la phrase (penser à l’ouverture de « La Marseillaise » où le premier temps fort est sur « ..fants »).

La ponctuation des phrases

Comme pour un discours on a des virgules (suspension, bref silence ou respiration : cadence suspensive) ou des points (conclusion d’une série de phrases, marquée par un « pom, pom » descendant : cadence conclusive). Les phrases sont le plus souvent liées par un bref motif au piano (ou aux bandonéons, violons).

La structure d’un tango

Dans la majorité des tangos des années 40 (l’âge d’or du tango de bal), la structure de base de la phrase est formée de 8 temps forts (battement typique de la marche), et 4 phrases de 8 temps forment une section (A : couplet) ou (B : refrain).

Cette structure tolère de nombreuses variations aussi est-il préférable de repérer les phrases par la levée et la ponctuation musicale. Commencer par des orchestres “faciles” de ce point de vue (Canaro, Donato, Fresedo, Rodriguez, D’Arienzo, De Angelis, D’Agostino, Tanturi) avant de passer à Di Sarli, Caló, Laurenz, et enfin Troilo, Pugliese chez qui la structure est la plus riche et la moins facile à suivre.

Ecoute des phrases musicales dans les tangos :

TRES ESQUINAS (Angel D’Agostino avec Angel Vargas)

(en majuscules : le premier temps fort de chaque phrase)
Section A : couplet

Yo soy del BArrio de Tres Esquinas,
viejo baluarte de un arrabal
donde floREcen como glicinas

las lindas pibas de delantal.
Donde en la NOche tibia y serena
su antiguo aroma vuelca el malvón

y bajo el CIElo de luna llena

duermen las chatas del corralón.

Section B : refrain

SOY de ese barrio de humilde rango,
yo soy el tango sentimental.

Soy de ese BArrio que toma mate

bajo la sombra que da el parral.

En sus oCHAvas compadrié de mozo,

tiré la daga por un loco amor,

quemé en los Ojos de una maleva

la ardiente ceba de mi pasión.

(couplet non chanté)

Nada hay más lindo ni más compadre
que mi suburbio murmurador,

con los chimentos de las comadres

y los piropos del Picaflor.

Vieja barriada que fue estandarte

de mis arrojos de juventud…

Yo soy del barrio que vive aparte

en este siglo de Neo-Lux.

(Enrique Cadícamo)